Maman, je suis monté dans AVION

Article : Maman, je suis monté dans AVION
Crédit: Foutaman
14 octobre 2022

Maman, je suis monté dans AVION

« The first hard », une première est toujours difficile mais la première fois dans l’avion, c’est pire.

Maman, te rappelles-tu de la première fois que j’ai explosé de joie en voyant un avion ? Je ne pense pas car j’étais encore petit. C’était lors d’une ambiance festive qui égayait, à de rares occasions, la ville de Labé située en République de Guinée. Je me souviens d’une journée où la ville recevait plusieurs étrangers, notamment des Blancs venus à l’occasion du rallye Paris-Dakar

Toutes et tous venaient à moto, en voiture, en camion… mais quelques-uns sont arrivés dans de ‘’petits avions’’ et hélicoptères. Nous profitions de cette venue pour admirer ces engins volants. La première fois que j’ai vu ces engins de près, ils étaient nettement plus gros que ce que je voyais dans le ciel ou dans les films !

Bambins, nous avions inventé une chanson pour ces engins volants : « Avion condeta ». C’était pour nous une occasion de louer ces engins. Un rêve se créait à chaque fois qu’on voyait ces engins. Dire qu’ils venaient de la TERRE DES BLANCS (leyɗe porto) où chacun rêvait de fouler un jour le pied…

Mais maman, quand pour la première fois ce rêve d’enfant fut réalisé : monter dans un avion, je n’ai pas pu en profiter, je n’ai pas su combien ce plaisir était immense : j’avais une boule au ventre ; j’étais sens dessus-dessous ou dessous-dessus, que sais-je !

Maman, tout a commencé par un mail que ton fils a reçu pour l’informer, après plusieurs tentatives, qu’il devait voyager et prendre l’avion. Par AVION, tu t’imagines ! On était encore en pleine pandémie de COVID-19. Le mail précisait que le voyage dépendrait de l’évolution de la pandémie. Un enfant africain qui doit « monter dans avion’’, même Covid ne peut pas empêcher ça, je jure.

Il a fallu faire un test PCR deux jours avant le voyage. Quand j’ai fait ce test, j’étais de facto enrhumé et un peu malade de drepano. J’ai prié le Tout-Puissant que mon rhume soit tout sauf COVID. Dieu, dans toute sa Miséricorde entend l’enfant noir surtout dans les circonstances comme MONTER DANS AVION ! Mais malgré tout, je faisais des rêves tantôt heureux tantôt bizarres. Mais Seigneur, par ta bénédiction, j’ai réussi ce test avec un GROS NÉGATIF. 

Tout allait bien jusqu’à ce que j’arrive à l’aéroport. Là je n’ai plus eu aucun contrôle sur moi-même… Je me laissais guider par le hasard, par nature. 

A l’entrée de l’aéroport, j’avais ma valise sur la tête. Un agent très gentil m’a approché et a dit : « petit, déroule la poignée de ta valise et fait-la rouler ». Je me suis vite rappelé les films où on glisse les valises à terre. J’ai donc déroulé pour faciliter la glissade. Jusque-là, c’était bon. 

Une fois à l’intérieur de l’aéroport je suivais la foule mais surtout les flèches avec une grosse écriture affichée sur les portails. J’ai vu « ENTRÉE » mais un agent m’a encore interpellé. Il fallait remplir un papier inutile où je devais renseigner quelques informations. Une fois terminé, il m’a demandé de lui offrir un billet… Mon orgueil ne pouvait pas lui refuser ça : je monte quand-même dans avion.

Au premier portail, j’ai trouvé deux autres agents qui m’ont demandé d’exhiber mon passeport et mon test PCR. Là aussi, j’ai obéi. Ils m’ont ensuite demandé de l’argent de façon respectueuse en m’appelant PATRON. Ce seul mot a fait grandir mon orgueil : je monte quand-même dans avion !

Maman, quand je suis entré dans le grand bâtiment de l’aéroport, il fallait une vérification des tests PCR et du passeport avant de rejoindre le lieu d’enregistrement. De là, je suis tombé sur des chemins en zigzags, en forme de puzzle, avec de drôles de barrières. Quelle route prendre pour cette vérification ? J’étais encore (ou déjà) dans les nuages quand un autre agent gentil m’a montré le chemin à suivre. 

Après vérification, j’ai été aussi devant plusieurs guichets d’enregistrements. Mais maman, là je n’ai pas tardé à voir devant quel guichet rester puisque le nom des pays de destination et des compagnies étaient affichés devant chaque guichet. Ce parcours fut vite fait. Une gentille dame m’a demandé alors de poser ma valise. Je l’ai fait à côté de son guichet. 

Mais maman, je me demandais comment toutes ces valises de différents guichets qui vont vers le même endroit peuvent ne pas se mélanger. 

Maman, vint ensuite le temps de monter les escaliers roulants pour rejoindre la grande salle d’attente. J’ai d’abord observé plusieurs personnes monter. Puis je me suis approché des escaliers, petit à petit. J’ai posé un pied et, quand les escaliers ont commencé à monter, j’ai failli tomber, surtout à l’arrivée ! Mais bon, Dieu faisant bien les choses, j’ai tenu bon.

Dans la salle d’attente, j’ai observé plusieurs tableaux d’affichages. J’ai vite retrouvé celle de mon vol. Maman, je suis donc resté devant ce tableau tout en attendant mon destin, celui de monter dans avion pour la première fois…

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