Poème : Il n’avait que trois ans…
Tel un sifflement de serpent
Elle perce impetueusement le vent
Dans un silence de croquemorts
Elle fend le temps, transperce ce corps
Elle est perdue, s’est perdue
Résonne, raisonne, éperdue
Se faufile, cible, cible la cible
Elle file, file, l’enfant, le crible
Dans ce fleuve de sang
Baigne ce marmot agonisant
Ses yeux, innocents, interrogateurs
Ses paupières, des clignements, Seigneur !
Elle, la balle, a fait son chemin
Elle, la balle, dans mon intestin
Elle, la balle, dans ma caboche
Elle, elle, elle… bloque mes bronches
J’étouffe, elle m’étouffe
Mon souffle, plus de souffle
Je me force, je m’efforce
Ma force, plus de force
Je joue au jardin de la faucheuse
Je me balance dans sa berceuse
Je saute à la corde de trépas
Je m’endors, je dors, j’efface mes pas
Cet homme en treillis m’a rouccoucis
Cet homme en tenue m’a pris la vie
J’étais juste un enfant
Je n’avais que trois ans
Abdoul Baldé
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